lundi 1 juin 2020

Les planeurs vintage, nouveau phénomène?

Depuis quelques années, une nouvelle tendance dans la société est apparue avec la passion pour l'ancien ou plus communément le "vintage". Le modèle réduit ne fait pas exception avec ce nouvel intérêt pour les modèles anciens et les radiocommandes d'autrefois. Les rencontres se multiplient et il n'est pas rare de croiser sur les terrains des modélistes qui ressortent leur modèle "collector". On peut citer la rencontre de vol de pente de Millau qui se tient chaque année et qui autorise les modèles construits ou commercialisés avant l'an 2000.
PJM de par sa longue existence, ne pouvait rester insensible à ce nouveau phénomène. Le choix des modèles pour participer dans cette catégorie est inépuisable. D'ailleurs, les plans de ces modèles circulent sur la toile et il n'est pas rare de pouvoir reconstruire ces modèles de A à Z. L'engouement est tel que certains constructeurs comme Graupner ou Robbe proposent leur best seller réactualisés ; ainsi le Dandy ou l'Amigo se retrouvent à nouveau sur les étals des commerçants comme à la grande époque!

Tout d'abord, nous nous étions promis de refaire voler l'Epsilon de BLS qui pour nous représentait le mini planeur de référence des années 80 bien avant l'apparition du Pixel d'Airtech. Ses qualités de vol, sa rusticité, son aspect économique le rendaient incontournable sur toutes les pentes de l'hexagone. Peu à peu, avec la disparition de BLS au milieu des années 80, le modèle devint rare mais certains exemplaires furent conservés religieusement par leurs propriétaires.
D'ailleurs, l'epsilon, à notre grande surprise, ne fut pas repris par Aiko, lorsque le magasin de Versailles relança la fabrication et la diffusion des kits BLS à la fin des années 80.
 Puis, les années 90 virent l'éclosion du Pixel, ce qui sonna le glas de cet illustre ancêtre ; le Pixel représente d'ailleurs d'une certaine manière le digne héritier de l'Epsilon. Sa philosophie est d'ailleurs un peu la même : grande polyvalence, grande maniabilité et qualités de vol assurées aussi bien par temps de tempête que par petit temps. Tous les deux sont dotés des profils Eppler (Eppler 193 pour l'Epsilon et Eppler 224 pour le Pixel), leur gabarit est très voisin 1m30 pour l'Epsilon contre 1m50 pour le Pixel. La seule différence est l'incidence différentielle qui est utilisée sur le Pixel tandis que l'Epsilon dispose d'ailerons "full span" plus classiques. Le Pixel plus acrobatique que l'Epsilon est un peu moins gratteur. En performance pure, l'avantage va au Pixel mais je trouve le pilotage de l'Epsilon plus facile et plus relaxant. Le Pixel a été conçu pour les courses 60 inches et ça se sent, lorsque l'on pousse sur le manche, le Pixel a tendance à toujours accélérer alors que l'Epsilon se freine un peu sans doute à cause de l'incidence différentielle qui ne créée pas de perturbation aérodynamique comme les ailerons Full Span. L'Eppler 193 atteint sans doute là aussi ses limites

L'epsilon essayé par Roland Stuck dans le RCM n°6
un lien vers le banc d'essai de Roland Stuck dans RCM n°6

L'epsilon présenté dans le Radio-Modélisme d'octobre81
un lien vers le banc d'essai Radio modélisme d'Octobre 81

Les kits BLS sont devenus rares sur le marché de l'occasion et se négocient souvent à un prix élevé, il faut distinguer aussi les copies des kits originaux, car il existe parfois  des surmoulages de ces modèles parfois assez grossiers. Le succès de BLS est tel que PG modélisme envisage de relancer les séries mini JP15-36, Axel, mini Axel… pour notre plus grand plaisir.
En 2013, après moultes recherches infructueuses, nous étions enfin tombé sur une annonce d'un modèle dans un état moyen, le fuselage nécessitait un masticage des criques, des trous et du plan de joint qui avait été masqué avec de l'adhésif! Les ailes nécessitaient autant de travail : il fallait retirer le vinyl orange qui masquait le solarfilm sans doute très ancien puis poncer les petits défauts et réentoiler avec l'Oracover bien plus léger que le vinyl! La bulle paraissait neuve et fut laissée telle quelle. Enfin plutôt que de placer les mini servos dans les ailes nous avons préféré les fixer directement sur le fuselage sous les ailes en prise directe des ailerons Full span. Afin de réduire le plomb de centrage , nous avons opté pour des servos standards pour la profondeur et la direction. Le modèle ainsi fut notablement allégé et paraissait après une bonne couche de peinture presque neuf!

Le modèle ainsi rénové fit sensation pendant la saison 2014, il tint toutes ses promesses, à la fois gratteur, maniable, vif et pas si maladroit dans le gros temps qui sévissait parfois sur les pentes de l'Artzamendi au dessus d' Itxassou. Le seul regret est de ne pas en avoir disposé d'un plus tôt!
pour souligner la fluidité des lignes, nous avons opté pour un décor sobre
une des caractéristiques est l'empennage papillon qui est plus ouvert que la moyenne


On remarque ici le nez assez court qui oblige à monter des servos standard (sinon gare au plomb!)
L'allongement modéré de la voilure bien visible sous cet angle garantit une bonne portance

Pour notre premier planeur "vintage" , nous avions tapé dans le mille, il restait à confirmer cette expérience

Notre deuxième choix s'était porté sur le Cirrus de Graupner, une autre référence de planeur des années 70 cette fois. Ce modèle devenu légendaire pour beaucoup de vieux modélistes était quand même le plus grand planeur commercialisé à la fin des années 60. Il  faut dire qu'avec des ailes légères en structure très bien étudiées de près de 3m d'envergure et un profil ClarkY, ce modèle pouvait satisfaire les amateurs de vol de plaine ou de pente par temps calme. Il n'avait pas son pareil pour exploiter les restitutions des fins de journées, je crois d'ailleurs qu'il a été au catalogue Graupner pendant près de 15 ans, remplacé par le Cirrus 75 au début des années 80 qui était davantage préfabriqué et avec un stabilisateur en T mais qui ne parvint pas à faire oublier son illustre devancier.
Le kit malheureusement n 'a pas été repris par la maison de Kircheim Teck contrairement au Dandys et Amigos. Heureusement, on trouve encore en Allemagne des fuselages nus avec verrière qui sont produits par des petits artisans. Si le modèle commercialisé par Graupner à la fin des années 60 était en ABS à coller, les fuselages en vente sont désormais finis en fibre de verre epoxy et gelcoatés blanc du plus bel effet.


vue d'un Cirrus Graupner trouvé sur le site des GPR

un lien vers le banc d'essai de Radio Modélisme
Le Cirrus Graupner essayé par Christian Chauzit dans Adepte de janvier 1982
Un lien vers le banc d'essai de Christian Chauzit dans Adepte

Le hasard voulut que l'on fût en contact en répondant à une annonce sur internet avec Uwe Gewalt, le célèbre fabriquant de planeurs grande plumes. Il se séparait de son stock de fuselages qui lui restait de l'époque où il fabriquait pour Graupner et en son nom propre. Le Cirrus fut en effet le premier modèle commercialisé par Gewalt avant de se consacrer aux grandes plumes avec le succès que l'on connait, c'était au début des années 70. Gewalt proposait en réalité deux modèles, le Cirrus identique à celui de Graupner (3m et 2 axes avec aérofreins) et une version moins connue, le Cirrus Acro (2m70 et trois axes) et c'est cette version que nous avons choisi. Les fuselages Gewalt sont absolument magnifiques de finition et de solidité et on avait donc rien à corriger de ce côté là, ce qui nous laissait plus de temps pour concevoir la voilure. En copiant la géométrie de la voilure du Cirrus libre dont Graupner s'était inspiré, nous avions le plan des ailes.
Elles furent réalisées en structure coffré intégralement avec une attention particulière sur le montage des aérofreins Multiplex simple lames (eux aussi d'époque). Le modèle mal centré (centré trop avant ) ne fit qu'un saut de puce mais nous espérons bientôt trouver le bon réglage. Ironie de l'histoire, peu de temps après cette aventure, en débarrassant un club de son matériel, on héritait d'un fuselage en ABS Graupner avec la bulle non montée. On commandait en parallèle sur internet un plan du Cirrus Graupner et voici comment était né un nouveau projet du célèbre planeur 2 axes de 3m.



Le Cirrus, même s'il emprunte le nom de son grand frère, est une vague semi maquette si l'on compare la géométrie de la voilure et les lignes du fuselage au réel. Dans un souci d'industrialisation, Graupner avait aminci notablement le fuselage ; car un fuselage maquette aurait été plus volumineux et à l'époque en raison des radiocommandes très lourdes, il fallait réduire le poids au maximum, surtout en version 2 axes. Ainsi germait dans notre esprit l'idée de construire une vraie semi maquette vintage avec un fuselage à l'échelle et des tas de détails qui font illusion.

Le problème du marché de collection (pas seulement en modèle réduit d'ailleurs) est que les prix des modèles complets  grandes plumes sont souvent prohibitifs car très convoités, des modèles de trente ou quarante ans  se négocient parfois à plus de 500 Euros sans vraiment avoir la garantie que le modèle est en bon état, sa rareté et sa renommée font le reste. Pour les kits non montés, c'est encore pire surtout en Allemagne, où il s'agit d'un marché de niche. Les kits peuvent se vendre parfois plus chers que ce qu'ils ont réellement coûté. La solution est de recourir au système D, c'est à dire internet et le site "Le Bon coin" pour dénicher la bonne affaire. Par chance, les éléments comme le fuselage ou la bulle se vendent moins chers que les modèles entiers et c'est ce qui guida notre recherche. Puis un jour, nous tombèrent sur la perle rare, il s'agissait de la vente d'un fuselage de Grob G102 Astir Club III de Rödel avec sa dérive et son stabilisateur pour un prix raisonnable. Le fuselage après des années de stockage paraissait en très bon état. Ce qui nous séduisit immédiatement est l'aspect maquette avec les trois puits de roue présents, les côtes du fuselage bien respectées, les marquages réalistes et un aménagement maquette du poste de pilotage que l'ancien propriétaire avait réalisé de main de maître.

vue du modèle essayé dans le MRA d'avril 1986


Ce modèle, même à l'époque, était plutôt rare sous les cieux français, nous n'en avions jamais croisé  sur les pentes et jamais entendu parler. Le Club Astir, curieusement, ne faisait pas partie des modèles phares du constructeur allemand, on parlait surtout du Ka6e de 3m ou de 4m ou des ASK21 dans les années 80. Or, il existait un banc d'essai dans le MRA de Avril 86 qui nous parut très instructif car il vantait les qualités de vol du modèle essayé (malgré une dérive tordue!). Nous n'avions plus de doute sur le choix à faire, ça serait ce modèle et pas un autre. Heureusement, le vendeur eut la gentillesse de nous fournir le plan originel avec lequel on traça les plans de la voilure. Pour les modèles de cet âge, il est souvent difficile de retrouver les plans constructeurs (indispensable pour reconstruire le modèle assez fidèlement). Avec ses 3m40 et une surface alaire confortable, un profil assez fin, ce modèle semble tout avoir pour bien voler.
Seule ombre au tableau le système de clef d'aile plate qui ne correspondait à aucune dimension de clef d'aile disponible dans le commerce. Le poids n'étant pas rédhibitoire en grande plume nous re-percions le fuselage et logions notre nouvelle clef d'aile un peu plus loin car nous ne voulions par charcuter ce beau fuselage davantage. L'eppler 393 qui équipe le modèle de Rödel ne semblait pas particulièrement complexe à reproduire et nous nous sommes lancés dans l'élaboration de voilure en structure bois intégralement coffrée, même si le kit originel proposait des voilures en expansé coffré. Nous avions fait le choix d'équiper l'aile  d'aérofreins  électriques plus faciles à monter et à régler que les aérofreins mécaniques. Le projet a atteint le stade des réglages et de la finition, nous espérons en reparler très bientôt. 
vue du fuselage du Grob Astir ClubIII proposé dans l'annonce



vendredi 23 janvier 2015

l'attrait des semi-maquettes (suite)

La passion pour le mini planeur s'accompagnait d'une quête de réalisme dans l'aéromodélisme de la fin des années 80. Ainsi, on voyait fleurir chez les artisans et les constructeurs des semi-maquettes plus ou moins fidèles , on peut citer pêle-mêle le Mini Mosquito de Modelhob, le mini twin astir de chez PB Modélisme (d'ailleurs ce distributeur proposait une cette gamme très étoffée de mini du micro phoebus au LS3 de 2m)le mini K6e de Big Production ou le mini JP15-36 de BLS, les constructeurs allemands n'étaient pas en reste notamment KDH qui proposait un nombre impressionnant de reproductions des orchidées de l'époque ASW17, ASW19 et ASW22... Rödel non plus n'y était pas insensible avec ses mini K8, ASK21 et ASK18... Voester également avec ses très jolis Lö100 et mini Orlice.

Il restait donc au groupe PJM de proposer le sien, il fallait qu'il soit français et devait avoir un passé glorieux, nous nous tournions plutôt vers un modèle rétro des années 60 , il nous semblait que le Bréguet 905 Fauvette était le plus adapté avec une géométrie proche de notre premier mini "Le Virus". Le fuselage devait être en fibre sans karman pour pouvoir supporter n'importe quel profil. On s'inspira fortement du plan d'Alfred Bellec paru dans RCM en 1993 ainsi que de celui de Christophe Husson-Charlet qui fit la une de MRA quelques années plus tard. La forme fut commencée en mars 1995 pour être terminée en 1996, le moule fut réalisé à cette époque, mais le prototype ne sortit qu'un an plus tard. Jugé trop lourd à cause d'une mauvaise répartition des masses (300 g de plomb dans le nez, c'était un record!), il fut vite remisé et ce n'est que 10 ans plus tard qu'un deuxième exemplaire vit le jour. Il vola pour la première fois en 2007, l'objectif était enfin atteint après plus de 10 ans de gestation.

la Fauvette sujet du plan encarté RCM de mars 1993 présenté par Alfred Bellec

MRA a publié aussi une Fauvette en plan encarté d'après les tracés de Christophe Husson




Il empruntait l'aile du plan de Christophe Husson qui présentait une surface assez importante, mais nous avions conservé l'Eppler 211 de notre modèle fétiche "le virus", les ailerons semblaient très bien proportionné, il passait d'ailleurs les tonneaux à la perfection, malheureusement l'atterrissage n'était pas de tout repos sans doute avec une charge alaire encore un peu trop forte (42g/dm² avec des cordes à l'extrémité de 7cm, le décrochage près du sol est interdit!) Sans doute, le profil n'était pas très adapté à cette charge alaire, nous regrettions finalement de ne pas avoir pris le profil du plan l'Eppler 203 ou le Wortmann Fx60-126 qui s'était avéré être un bon choix sur le Virus2, une autre fois peut-être...













Le Bréguet905 est le descendant d'une lignée prestigieuse de planeurs, tout d'abord le Bréguet900 qui prépara le retour au premier plan du vol à voile français à la fin des années quarante et surtout du Bréguet901 qui révolutionna son époque et qui décrocha le titre de champion du monde en 1954. Plus tard, le Bréguet904 Nymphale reprit l'héritage du Bréguet901 et fut considéré comme une extrapolation du 901 en biplace
Par rapport à ses glorieux prédécesseurs, il se distinguait par une géométrie plus simple : pas de volet , ni de train escamotable, d'une envergure plus réduite il devait coûter moins cher que ses glorieux ainés. Toujours dessiné par Jean Cayla, il adoptait cependant un dessin vraiment nouveau avec des empennages papillons et un fuselage tout en courbes . Le Bréguet905 surnommé "Fauvette" avait surtout pour objectif de former les vélivoles français aux vols de performance et s'affirmer comme le planeur standard de tous les clubs de l'hexagone.

Sa structure était particulièrement innovante puisqu'elle mêlait à la fois les techniques du passé (le bois et toile) et le dernier cri le composite klegecell/fibre de verre pour certaines partie non développables du fuselage et des ailes. Il effectua son premier vol le 15 avril 1958. Le Bréguet fut ensuite construit en série dans les usines de Aire sur Adour ainsi qu'Anglet, une soixantaine fut produite et commercialisé. considéré à l'époque comme le fleuron de l'aéronautique française, il devait connaître une descendance nombreuse avec le Bréguet906 Choucas (version biplace du 905) qui ne fut jamais qu'un prototype et qui perdit le marché public au profit du Wassmer Bijave, le Breguet907 resté à l'état de dessin et le Siren Edelweiss lointain cousin de la "fauvette" également dessiné par le prolifique J Cayla.

La "Fauvette" connut une carrière honorable jusqu'aux accidents qui eurent lieu à la fin des années soixante (la mauvaise tenue du collage klegecell/acier des empennages sur le fuselage furent la cause d'accidents mortels). L'interdiction sonna le glas de son utilisation dans les aéroclubs, qui par ailleurs l'avaient adopté grâce à ses qualités de vol, ses performances et son aspect très pratique.
Des tentatives de réutilisation des voilures sur un fuselage entièrement nouveau furent menées par Pierre Vaysse et quelques clubs mais sans grand succès. Le trucavaysse n'héritait sans doute pas de toutes les qualités de son ancêtre et tomba rapidement dans l'oubli.


Après des modifications profondes, certaines "Fauvette" ont pu revoler et quelques exemplaires subsistent dans les aéroclubs français, notamment à Grenoble (immatriculation F-CCJM) à la Montagne Noire (immatriculation F-CGZV) et à l'étranger au Royaume-Uni (immatriculation F-AZNV) ainsi qu'au Canada (immatriculation C-FZDM), il n'est pas rare d'en voir dans les rassemblements de planeurs anciens.

La Fauvette n'est évidemment pas une nouveauté au sein de la communauté modéliste, on compte de nombreuses réalisations personnelles aussi bien à petite échelle qu'en GPR, ses formes arrondies, sa ligne assez inhabituelle et ses couleurs chatoyantes ont su attiré de nombreux modélistes. Curieusement, aucune grande marque de modélisme (hormis Cambria avec un kit assez loin du réel et Robert Bardou il y a une trentaine d'année avec un modèle à l'échelle du cinquième) n'a pensé proposer ce sujet, peut-être un vide à combler?

Au début des années 2000, l'offre de modèles réduits était réellement devenue gigantesque avec des importateurs de plus en plus nombreux en France, le planeur trouvait sa place avec de nombreux kits fabriqués en Europe de l'Est, les petits planeurs étaient de retour avec Valenta notamment (K6CR, mini salto...) Mibo (Pilatus, Swift...) Let Model (Super Blanik, Discus...), PG Gerasis (Fox...). Un nous avait particulièrement marqué, il s'agissait du SZD 36 Cobra 15 distribué par Let Model et essayé dans la revue allemande FMT en 2006. Il nous semblait que ce planeur même en petite taille avait des dimensions idéales, cordes généreuses, bras de levier avant confortable, surface du stabilisateur optimal... L'allure de ce planeur nous séduisait beaucoup et finalement il représentait un planeur assez peu reproduit en modèle réduit (si on compare avec le Pilatus B4 ou le K6e par exemple). Malheureusement, à l'époque ce modèle n'était pas importé en France, il est réapparu il y a quelques années chez Royal Model sous la formule libre du vrai (le Cobra17). Peu de documents existent dans les revues spécialisées ou sur le net sur la fabrication du modèle réduit, quelques réalisations perso, comme celles de Patrick Piotte en 3m et 2m nous ont permis de glaner de précieux renseignements.

Comme il n'existait pas de plan valable de ce modèle, nous nous sommes décidés à le construire en s'inspirant de celui décrit dans la revue FMT. Finalement après étude du 3vues du réel, le fuselage de L213 pouvait convenir si on réduisait l'envergure à 2m. Les cordes restaient confortables avec 16cm à l'emplanture et on trichait sur l'extrémité avec 8cm. Nous voulions conserver le Selig3010 qui avait bien réussi au modèle tchèque. Si le fuselage est en résine epoxy et fibre de verre, les ailes ont été réalisées en structure ouverte pour gagner un peu de poids. Par simplification et pour conserver l'esprit du réel, le stabilisateur est entièrement mobile.
Le servomoteur pour la gouverne de profondeur se trouve dans la dérive pour simplifier le mécanisme et pour une meilleure répartition des masses car le bras de levier arrière est plutôt faible. Grâce à cela, le plomb d'équilibrage est des plus réduit. D'une masse moyenne autour du kilo, la charge alaire s'élève aux alentours de 40g/dm², ce qui est la norme pour les appareils 3 axes de plus de 2mètres.

Le modèle fit son premier vol à l'été 2013 soit près de 7 ans après le début de conception. Il faut reconnaître que l'on a eu tort d'attendre si longtemps car ce vol inaugural se passa très bien et ce modèle s'est montré très à l'aise aussi bien dans des conditions moyennes voire faibles que dans le fort vent d'ouest. Il est très facile à piloter et en réduisant les débattements, on est en présence d'un modèle aussi facile en vol qu'un easy glider.







Le SZD36 Cobra15 est un planeur polonais de la classe standard, construit pour le championnat du monde de 1970 à Marfa (Texas), il réalisa d'ailleurs une belle performance lors de cette compétition puisqu'il termina sur les deux marches du podium derrière le remarquable LS1 allemand ( piloté par le célèbre pilote Helmut Reichmann champion du monde de vol à voile à plusieurs reprises). Ce remarquable planeur polonais a été conçu par Okarmus et Mynarski dans la lignée des Foka4 et Foka5, d'ailleurs le dessin du fuselage s'inspire beaucoup du Foka5 avec sa dérive très inclinée et son stabilisateur en T qui semble d'ailleurs identique à celui du Foka5. La voilure adopte le même dessin que son illustre ancêtre, seul le profil a changé (il s'agit du Wortmann FX 61-168 évolutif au FX 60-126-1) SZD comme beaucoup de constructeurs allemands de l'époque faisaient confiance au professeur Wortmann pour la conception aérodynamique de la voilure.
Muni d'un train d'atterrissage, il représentait une amélioration du Foka5 sans pour autant trop s'en démarquer, la structure était principalement en bois avec quelques éléments du fuselage en fibre de verre. Ce planeur fut le dernier standard en bois et toile produit par la société d'état polonaise. Des usines de SZD, il en est sorti 290 exemplaires dont 268 exportés dans le monde entier. Il n'est pas rare d'en rencontrer en Pologne et en Allemagne sur les terrains de vol à voile grandeur car il est apprécié pour sa robustesse, sa finesse assez élevée (38) et ses qualités de vol (y compris acrobatique).











Curieusement, ce planeur n'a pas connu un très grand succès auprès des modélistes contrairement au pilatusB4 qui lui ressemble un peu au niveau des lignes ou de l'ASW15 son contemporain qui a été très largement plébiscité. Pourtant, il constitue une semi-maquette idéale au niveau des proportions ; à part quelques réalisations personnelles, le kit tchèque précité et un kit d'un artisan polonais en grande plume, ce modèle est assez méconnu fort injustement d'ailleurs.

Un projet d'une semi-maquette un peu plus grande avait germé dans nos esprits, nous voulions en effet un modèle plus stable que le cobra avec si possible comme lui un look un peu rétro mais en restant fin et performant , nous nous sommes alors replongé dans la documentation et nous avons retrouvé dans un vieux numéro de Radiomodélisme l'objet de nos rêves, il s'agit du Neukom Elfe S-3 dont la présentation succincte de la maquette à l'échelle 1/5 avait été publiée dans le Radiomodélisme de Février 1970.


un lien vers l'article de présentation du modèle dans Radio-Modélisme

La construction commença en 2008 après avoir exploité à la fois le plan au format A4 de la revue et du 3 vues du livre de Martin Simons sur les planeurs 1965-2000.
Comme le vrai, nous avions décidé de réaliser l'avant du fuselage en fibre de verre et la poutre arrière ainsi que la queue en construction traditionnelle. L'échelle retenue était 1/6.5 ce qui donne une envergure de 2m30 environ, les cordes assez étroites de l'aile impose de choisir un profil adapté aux faibles nombre de Reynolds, nous avions opté pour le wortmann Fx60-100 pour changer de l'Eppler 211 ou des Selig 3021 ou 3010. Le long bras de levier arrière nous a permis de conserver la géométrie des stabilisateurs du grandeur et finalement la voilure possède presque l'allongement du réel (18) ce qui est beaucoup pour un 2m.

La faible documentation à notre disposition ne nous a pas permis de beaucoup détailler la maquette, nous avons essayé de restituer les lignes très fluides du grandeur et le résultat nous convenait assez bien. Le 1er vol ne fut réalisé qu'en 2011 par un vent assez fort et le modèle s'est bien comporté grâce à un vol sain et sans histoire.





Le Neukom Elfe S3 est un planeur suisse de la fin des années soixante de la classe standard descendant d'une longue lignée de planeurs de performance Elfe M et Elfe PM qui brillèrent dans les compétitions des années cinquante. Les Standard Elfe S1-S2 puis S3 furent dessinés et construits par Albert Neukom à Neuhausen en Suisse. Le Standard Elfe finit deuxième des championnats du monde aux mains de Markus Ritzi en 1965 en Angleterre. La version S3 gagna même le championnat de Suisse et le championnat du monde en 1968 avec à son bord l'américain Andrew Smith. Ce planeur de la fin des années soixante avait comme caractéristique de mélanger la fibre de verre pour l'avant du fuselage et le bois pour les ailes et la poutre arrière ainsi que les empennages. la fonction aérofrein comme certains modèles réduits faisait appel aux volets de bord de fuite. Ce planeur fut construit pendant de nombreuses années sous différentes versions et variantes, il fut également proposé en kit avec un fuselage redessiné l'Elfe S4 qui ressemble à ses contemporains ASW15/ASW17 tandis que la version S3 dispose d'un fuselage qui s'apparente aux Libelle, JP15-36...
Il n'est pas rare de croiser sur les terrains grandeurs l'ElfeS4 , l'ElfeS3 plus rarement (on le trouve dans les musées le plus souvent). Il s'agit pourtant d'un planeur historique mais trop méconnu à mon goût des vélivoles et des modélistes.




















dimanche 29 décembre 2013

L'éternel planeur 2 axes

PJM, à ses débuts, avait envie de créer des planeurs qui répondent aussi au besoin du moment : par exemple l'apprentissage du planeur en vol de pente. Les premiers planeurs furent des deux axes (direction, profondeur), même si la complexité des prototypes s'accroissait au fil des ans, nous ne nous séparions jamais d'un planeur 2axes toujours utile en cas de faible portance et pour tester la pente.
Ainsi si le premier planeur (le Supertrique sans moteur )fut vite réformé (à cause de ses ailes fragiles), il lui succéda une longue lignée de planeur 2axes. Le Nova3 notamment qui fut développé à partir d'un fuselage du modèle "Nova TF" de chez Robbe. Nous avions supprimé l'empennage papillon et adjoint un empennage cruciforme plus pratique car n'exigeant pas de mixage mécanique entre la profondeur et la direction.
L'aile rectangulaire et le profil plat garantissait d'excellentes qualités de vol. Le modèle est encore en état de vol et comptabilise plus de 100 vols aussi bien pente qu'en plaine (il était équipé à cette occasion d'un moteur thermique Enya09 monté avec un pylone amovible)











Le fuselage de ce planeur nous plaisait tellement que nous avions décidé de réaliser un moule de l'avant du fuselage avec des Karmans pour un autre modèle



Le moulage de ce master nous permit de construire un successeur du Nova3 , le sundancer qui fit son premier vol en 1997 toujours 2axes mais un plus grand (2m50 avec un double dièdre assez prononcé)

Le groupe PJM ne pouvait passer à côté de la mode du lancer main du début des années 90, ainsi le Slider vit le jour en 1995 construit conformément au plan Fly de Jean-Louis Coussot

modèle présenté à partir du plan encarté par Jean-Louis Coussot dans le fly n°1


Le slider inspiré du VSTAR de Graupner se montrait beaucoup plus tolérant que lui, notamment grâce au profil choisi un SD7037 aminci qui était plus lent et gratteur que le RG15 du VSTAR.




En 2004, le modèle fut largement amélioré en développant un nouveau fuselage en fibre de verre plus fin et plus pénétrant. C'est un modèle qui vole souvent surtout dans les petites conditions pour tester l'air . Très léger et gratteur, il est très facile à piloter.






L'ancien fuselage du slider fut réutilisé pour un petit planeur à ailerons baptisé "Sliding" par référence à son illustre devancier.
Moins à l'aise dans le petit temps que le "slider", il présente de bonnes qualités de vol pour l'apprentissage du vol "3axes". Il accepte avec son profil Eppler 205 une voltige basique. Il vole assez souvent depuis 2008.








Enfin, le "Pyrenea" vit le jour en 2009 en s'inspirant du planeur lancer main "Pyrena" paru dans la revue RCM en Avril 1996. La seule différence par rapport à l'original repose sur l'empennage qui est cruciforme et non papillon pour des raisons de simplification des commandes.



modèle du plan encarté RCM d'avril 1996 présenté par Jean-Charles
 Le planeur pour le centrage accueille une radio standard et non micro comme dans le slider . Plus chargé et ayant un profil plus fin (le SD7012), il vole plus vite que le slider mais le vol reste agréable et il accepte les vents plus soutenus.